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La montagne sans voiture

par Vincent Martin
24 mars 2023
1017 lecteurs
Lecture 5 min.

Comment concilier trajet en mobilité douce et itinéraire original, tout en partant à deux pas de chez soi ? C’est une des équations qu’a tenté de résoudre la petite équipe d’Alpes là ! au travers d’un guide de randonnées accessibles en transports en commun en Isère.

Texte : Vincent Martin
Alpes-la.info

Petit guide pratique en complément du dossier Mobilité Douce paru dans le numéro 69 de Carnets d'Aventures.


 

 

Train en gare de Clelles
Photo : Marine Leloup
Train en gare de Clelles
Photo : Marine Leloup

Dans nos sociétés de plus en plus connectées, le voyage nature, symbole de grands espaces, d’évasion, de retour à l’essentiel, et donc de déconnexion, attire de plus en plus. La montagne en particulier s’impose aujourd’hui comme une destination très prisée, peut-être en partie suite aux restrictions liées à la crise sanitaire, mais aussi parce qu’elle se présente comme un espace refuge en période de canicule. Y accéder est néanmoins souvent synonyme de trajets importants pour les nombreux citadins que nous sommes, peu compatibles avec la réduction de notre impact environnemental que nous impose la crise climatique en cours. En effet, on estime qu’en France le transport représente en moyenne les 3/4 des émissions de gaz à effet de serre liées au tourisme de montagne. La voiture individuelle étant le plus gros émetteur de CO2 par passager et par kilomètre (après l’avion), des montagnards engagés, conscients de faire évoluer les pratiques, ont choisi de promouvoir les transports en commun comme alternative grand public pour rejoindre les montagnes.

Voyager sans voiture c’est…

- Réaliser des itinéraires originaux en traversée, sans avoir à retourner au point de départ.
- Une occasion de prendre son temps pour découvrir le territoire et celles et ceux qui le font vivre.
- Se laisser conduire et pouvoir lire, discuter, rencontrer, rêver, contempler, récupérer de son effort.
- Pouvoir se passer de la possession d’une voiture individuelle (comme 35% des foyers grenoblois).
- Partager les véhicules et ne les utiliser que quand c’est vraiment nécessaire fait du bien à nos portefeuilles, au climat, à la qualité de l’air, et libère de l’espace public pour les piétons et cyclistes.

Photo : Marine Leloup
Photo : Marine Leloup

Quelques outils pour aller en montagne en transport en commun

- 10 idées de sorties en montagne sans voiture : des brochures réalisées par l’association Mountain Wilderness de protection de la montagne dans le cadre de la campagne Changer d’Approche. Chacune est consacrée à un territoire spécifique, au départ d’une « ville porte » ou à destination d’un massif. Son site web changerdapproche.org propose aussi récits et bons plans.
- La communauté des Boucs en Train : lesboucsentrain
- Le portail collaboratif Camptocamp.org vient compléter ces brochures avec des pages web associées offrant davantage de topos, de détails et d’infos pratiques.
- De nombreux sites proposent désormais un critère de recherche pour trouver des itinéraires accessibles sans voiture. Par exemple : Camptocamp.org, altituderando.com, l’application Isère Outdoor, Vercors Rando, ou même Googlemaps…
- Le mobiguide 50 randonnées sans voiture en Isère édité par l’association Alpes Là !
- Les plateformes telles que MyTrip sur expemag.com constituent également une bonne source d’inspiration.
- Les calculateurs d’itinéraires : il n’est pas toujours évident de se retrouver dans la jungle des nombreux réseaux de transports en commun même sur un territoire restreint et ce type de calculateur (plus ou moins bien fait et complet) peut donc aider à programmer un trajet.       
Quelques exemples :
          - au niveau international : rome2rio.com ;
          - au niveau national : il n’existe pas d’outil général en France (en Suisse, un nouveau système unifié est en cours de réalisation) ;
          - au niveau régional : Oura.com en Rhône-Alpes, Itinisere.fr.

Photo : Vincent Martin
Photo : Vincent Martin

Trop cher ?

Le bus est de loin moins cher que la voiture. En prenant en compte le carburant, l’entretien du véhicule, ainsi que les frais de péage et de stationnement, l’utilisation d’une voiture est onéreuse à long terme. Les études de l’ADEME montrent que la voiture en montagne est 4 fois plus chère que les transports en commun. Pour le train, s’il peut sembler plus cher, tout dépend du nombre de trajets effectués et si vous bénéficiez d’un tarif réduit ou d’un abonnement. En définitive, si vous arrivez à remplacer votre voiture par les mobilités alternatives (transport en commun, vélo, covoiturage, autopartage…) vous êtes gagnants financièrement.
Il est néanmoins certain qu’une faible tarification des transports en commun est de nature à encourager leur utilisation et favorise les changements de comportement.
 

Trop de contraintes ?

Qu’est-ce qu’une contrainte ? (sujet de philo, vous avez 2 heures). Comme le proclame l’association Mountain Wilderness dans sa campagne Changer d’approche, « pratiquer la mobilité douce, ce n’est pas perdre son temps, c’est prendre son temps ! »
Certes, la fréquence des transports en commun hors des villes n’est généralement pas très élevée et cela peut sembler un gros inconvénient de devoir attendre longtemps son bus à la fin de son périple. Néanmoins, ce temps supplémentaire peut être mis à profit pour mieux découvrir le territoire et ceux qui le font vivre : dégustations de produits locaux, rencontres d’artisans, visites de musée, ou juste conclure la journée autour d’un verre ou faire la sieste !
L’important est de bien anticiper sa progression au fil de la journée pour ne pas rater le bus. Prévoir donc d’arriver en avance et improviser avec ce temps supplémentaire qui vous est offert.
 

Photo : Anthony Komarnicki
Photo : Anthony Komarnicki

Le randonneur, plus rapide que la voiture ?


D’après le philosophe Ivan Illich, la vitesse octroyée par l’automobile est une illusion. En réalité, l’automobiliste pense gagner du temps à chaque trajet, alors que sur l’ensemble de sa vie, il aura perdu ce temps gagné à payer sa voiture ainsi que l’ensemble des externalités qui l’accompagnent. D’après lui, en prenant en compte ce temps nécessaire à la possession et à l’utilisation d’une voiture, la vitesse généralisée de cette dernière serait de 6 km/h* soit pratiquement la vitesse d’un randonneur ! Autrement dit, travaillez moins et alors vous aurez plus de temps pour voyager à pied ou à vélo.

*calcul sujet à controverse car évoluant au fil du temps et dépendant du territoire.
 

Photo : Anthony Komarnicki
Photo : Anthony Komarnicki

Et quand il n’y a pas de transport en commun


- Le vélo peut les remplacer ou compléter (lorsqu’ils acceptent de l’embarquer, ce qui est de plus en plus le cas).  
- Toute autre combinaison de déplacement suivant vos terrains et activités de prédilections (cf. CA63 Double Jeu).
- Le stop.
- Le stop organisé (matérialisé par un arrêt et parfois associé à un panneau lumineux) : rezopouce.fr.
- L’autopartage : citiz.coop et le covoiturage peuvent être une solution lorsque les alternatives semblent hors de portée.

Photo : Vincent Martin
Photo : Vincent Martin
Photo : Vincent Martin
Photo : Vincent Martin
Photo : Vincent Martin
Photo : Vincent Martin

Comparatif des émissions de gaz à effets de serre des transports


Exprimées en gramme d’équivalent CO2 par passager et par kilomètre. Données issues de la Base carbone de l’ADEME.
Elles ont le défaut de ne pas inclure la construction des véhicules (voiture, vélo, batterie, train, avion…) et des infrastructures (routes, rails, aéroports…).
À retrouver sur : monimpacttransport.fr

Voir aussi Initiatives de mobilité douce dans les territoires alpins.

Photo : Anthony Komarnicki
Photo : Anthony Komarnicki
Photo : Anthony Komarnicki
Photo : Anthony Komarnicki
Photo : Anthony Komarnicki
Photo : Anthony Komarnicki
Photo : Anthony Komarnicki
Photo : Anthony Komarnicki